Nos syndicats nous soutiennent
SNJ-CGT Radio France, CGT Radio France
Télécharger le tract en PDFMoins de journaux locaux pour plus de proximité
: que cache le projet de refonte des
matinales de France Bleu ?
Quel avenir pour le réseau France Bleu ? Selon la Direction, il ne s'agit d'aucune mise en péril de l'information locale mais d'une réorganisation de grille. Questionnée ce jeudi en CSE, la Directrice Céline Pigalle réfute tout tâtonnement, mais malgré ses explications les élu·es n'ont toujours pas de vision claire sur le projet et les bénéfices que le réseau pourrait retirer des changements annoncés, alors même que le calendrier s'accélère !
La disparition de la marque France Bleu est ainsi programmée partout dès la rentrée de septembre !
Dans leur lettre ouverte envoyée à tous les personnels du réseau fin janvier, 23 salarié·es de France Bleu Picardie ont lancé un débat légitime sur disparition des journaux locaux de la demi-heure en matinale qui seront remplacés par de simples flashs d'actualité de 2min présentés depuis Paris, les journaux des heures rondes passant au 100 % local.
Un énième retour en arrière, et un affaiblissement du service rendu aux auditeur·trices alors
que Céline Pigalle revendique, dans un mail daté du 2 février, la réussite […] dans la constance :
entendre les mêmes voix sur les mêmes rendez-vous
.
Cette nouvelle organisation ne dégagera pas de moyens supplémentaires et n'allégera pas la charge de
travail des rédactions, puisque la plupart des matinales resteront assurées par deux journalistes, même
si la Direction a tenu des propos confus sur la question. Les reporters vont donc devoir combler les minutes
laissées vacantes par la disparition de la moitié des journaux, et nourrir des éditions 100 % locales aux heures
rondes sans pouvoir s'appuyer sur des éléments fournis par Bleu natio.
Par ailleurs, quel sera le rôle du ou de la deuxième matinalier·e ? Là encore l'éventail des possibilités semble
très large, de la co-animation permanente en studio (sans plan de formation envisagé) jusqu'à
l'interactivité, l'alimentation du web voire … la possibilité de partir en reportage !
De plus en plus de salarié·es s'inquiètent de cette stratégie périlleuse dont on peine à comprendre les buts réels. La Directrice nous annonce que les conclusions de séminaires de cadres sur la refonte des matinales seront rendues le 11 avril.
La CGT et le SNJ-CGT seront donc particulièrement vigilants sur les évolutions à venir du réseau France Bleu, mobilisés aux côtés des salarié·es pour défendre la radio de service public de proximité, ses auditeur·trices, notre qualité de vie au travail et nos cœurs de métier.
Paris, le 12 février 2024
SNJ Radio France
ICI ou la mort annoncée de France Bleu… et de ses radios ?
Ce sera le lundi 26 août : avec la rentrée radiophonique, le nom France Bleu -qui a si péniblement fini par s'installer- disparaitra au profit d'ICI. Sans y croire vraiment, la direction assure que ce sera une renaissance. Nous ne pouvons nous empêcher d'y voir un enterrement, le début de la fin de la radio de proximité, au profit de la télévision.
France Télévisions accepte désormais de faire disparaitre le nom France 3 au profit d'ICI, mais la télévision ne lancera pas cette marque avant le 9 septembre, après les Jeux paralympiques. A 15 jours près, on aurait pu faire une campagne de lancement commune. La marque unique en ordre dispersé : pour un début, ça commence mal !
Un pari trop risqué, une bascule improvisée
Ce changement de nom est un risque colossal. Après avoir envisagé une transition sur plusieurs saisons, la direction a annoncé qu'ICI apparaitrait sur nos antennes au printemps. Cette précipitation est dangereuse et irresponsable : comment donner une notoriété à cette nouvelle marque avant la fin août ? Comment éviter que le changement de nom entraîne un plongeon des audiences, dont nous n'avons vraiment pas besoin ? Même si la direction y met des moyens financiers importants, grâce à la part variable du budget de Radio France (15 millions d'euros en 2024), nous allons nous heurter au principe de réalité. A six mois de l'échéance, rien - absolument rien du tout - n'est prêt ou même vraiment lancé.
A l'heure qu'il est, Radio France et France 3 doivent encore choisir l'agence de communication chargée de la campagne du changement de nom. Pour le site internet, bien que la direction assure que tout sera prêt à temps, l'URL ici.fr est toujours la propriété d'un garage automobile nordiste. Acceptera-t-il de vendre, et si non quel est le plan B ? Tous les décors des studios, les enseignes, les logos de véhicules et des micros, les siglages pour les extérieurs doivent être changés pour la rentrée. Au lendemain d'une période de vacances marquée de surcroit par les Jeux olympiques ? Ce niveau de précipitation n'est pas sérieux, mais la blague ne fait rire personne.
Changement de nom, mais aussi de projet
A ce changement brutal d'identité, France Bleu imagine ajouter un changement radical de paradigme en matinale, en réintroduisant des flashes nationaux (sur tapis !) à la demi-heure, ce qui, quoi qu'en dise la direction, renvoie l'image de radios locales qui le seront moins. Comme les équipes de France Bleu Picardie, nous alertons sur l'incompréhension à propos de ce projet, mais la direction ne l'entend pas.
Et ce risque, la direction du réseau le prend au moment même où les sondages commencent à frémir. C'est totalement incohérent ! Ces dernières années ont laissé aux équipes le sentiment d'une opération de casse du réseau, rien aujourd'hui n'est en mesure de leur faire penser le contraire. Surtout face à France Télévisions dont la présidente dit clairement qu'elle veut une gouvernance commune - comprenez unique - pour ICI (et aussi pour France Info), et se rêve en grande patronne de la holding ou de la fusion, qui refont surface dans le débat politique autour de l'audiovisuel public.
Pour les équipes, tous les signaux concourent à penser que la radio court à sa perte.
Pour le public, ICI sera une chaine de télévision, et rien d'autre.
Nous ne laisserons pas ICI enterrer la radio de service public de proximité !
Paris, le 14 février 2024