Les élu·es réagissent et nous soutiennent
- Conseil Régional des Hauts de France ↓
- Communauté d'Agglomération Amiens Métropole ↓
- François Ruffin, député de la Somme ↓
- Rémi Cardon, sénateur PS de la Somme ↓
Vœu adopté à l'unanimité des votant·es au Conseil Régional des Hauts de France
“La liberté, c'est la liberté de dire que deux et deux font quatre”. Cette phrase de George Orwell nous rappelle à quel point une information juste, vérifiée et vérifiable est indispensable au bon fonctionnement du débat démocratique.
Démocratie que nous nous évertuons à défendre, face à des puissances déstabilisatrices telle la Russie qui mène non seulement la guerre de terrain en envahissant l'Ukraine, mais aussi la guerre de l'information. Les exemples d'ingérence se multiplient dans le débat démocratique, lors de l'élection présidentielle de 2022 et de manière constante depuis, à travers la diffusion de “fake news”, de manière organisée et volontaire, truquant l'information française en ligne et sur les réseaux sociaux.
L'information télévisuelle en continu est confrontée aux mêmes problèmes : la concentration des médias et “l'éditorialisation” de l'information, par des chaînes de télévisions ou des présentateurs qui cherchent avant tout le buzz, contribuent à dégrader l'information publique et à exacerber les tensions sociales.
Face à cela, l'information locale, préparée et diffusée par la presse quotidienne régionale, par les télévisions et radios locales, information vérifiée par des journalistes locaux qui connaissent leur terrain, qui parcourent les communes pour aller interroger les habitants au plus proche des événements, de service jour et nuit dans notre Région pour couvrir les évènements récents tels que les inondations, les intempéries de neige, les fermetures d'usines, est un bastion de résistance aux “fake news”. Elle informe sur ce qui est vérifié et vérifiable autour de soi.
Un reportage récent de Radio France pointe la disparition de l'information locale aux Etats-Unis, où l'ensemble des chaînes de télévisions locales ont disparu, laissant la main aux grands groupes, et en tire un constat alarmant de dégradation sans précédent de l'information.
Chez nous, l'information locale est mise à mal par des récentes décisions nationales de restructuration des rédactions, et par la concentration des médias qui répondent de logiques budgétaires.
Deux exemples nous alertent et doivent nous mobiliser :
- Le projet de fusion de France Bleu et de France 3 à marche forcée met en péril le fonctionnement de la radio et le travail des journalistes locaux. La modification de la grille de diffusion et le redéploiement des journalistes et animateurs, sous couvert de rationalisation, va porter atteinte à leurs conditions de travail et à la couverture qui était jusqu'alors optimale. Pour exemple, France Bleu Picardie, qui est la 1ère radio sur le département de la Somme, risque de voir la suppression de la moitié de ces journaux matinaux pour diffuser en lieu et place des brèves nationales préparées à Paris !
- Le plan social de la Voix du Nord, qui a réduit les effectifs et les éditions locales, a eu pour conséquence de diminuer drastiquement les couvertures très locales et le nombre de journalistes locaux. Là encore, ce sont les conditions de travail des journalistes qui sont atteintes, et à travers elle la qualité de l'information.
Notre Région est riche de sa presse locale. Rappelons que le dernier journal au plomb, le Démocrate de l'Aisne, classé monument historique en juillet 2022, est un journal des Hauts-de-France !
Forte de cette histoire, consciente des enjeux démocratiques qu'ouvre ce débat, la Région Hauts-de-France appelle à soutenir la presse écrite, la télévision et la radio régionales et alerte sur les risques qu'elles encourent face au manque croissant de moyens dont elles disposent.
Déposé par le groupe Gauche Républicaine et Écologique
Le jeudi 1er février 2024
Télécharger le communiqué de presse
Vœu adopté à l'unanimité au Conseil de la Communauté d'Agglomération Amiens Métropole
Fin des journaux à 6h30, 7h30 et 8h30 : à partir de septembre prochain, l'info locale sera diminuée de moitié le matin sur les 44 radios locales du réseau France Bleu. Ainsi en a décidé la direction nationale qui l'impose aux équipes sans possibilité de discussion. À la place, sont prévus des flashs écrits et réalisés depuis Paris.
La suppression de ces journaux est censée rendre la matinale moins répétitive. Pourtant des règles internes de diffusion ont depuis longtemps réglé le problème. Pour les équipes de France Bleu, des animateurs et animatrices aux journalistes en passant par les techniciens et techniciennes et chargé·es d'accueil, ce n'est pas en diminuant la place de l'information locale que l'on va gagner en proximité. France Bleu réveille des milliers de Français et Françaises tous les matins, en leur donnant la parole dans ces rendez-vous d'info. Les supprimer, c'est aussi supprimer leur voix.
France Bleu fait la preuve, toutes les semaines, de son utilité pour les villes et campagnes du territoire. Qui d'autres que les reporters de France Bleu ont suivi, dès 6H du matin et toutes les demi-heures, les dernières intempéries (crues, neige) ? Qui pour faire entendre en direct, à 6H00, 6H30, 7H, et dans le reste de la matinale, les voix des agriculteurs locaux mobilisés sur les barrages ?
Cela résonne de façon inquiétante avec la crise qui se déroule à France 3 région qui subit elle aussi des recentrages nationaux et des réductions d'antenne locale.
Les habitants de notre territoire veulent légitimement les infos de leur coin, et c'est le rôle de cette radio décentralisée de leur en donner.
C'est pourquoi,
Amiens Métropole apporte son soutien aux employé·es de France Bleu Picardie et interpelle en son nom la direction nationale de France Bleu pour protester contre ces suppressions.
Le jeudi 8 février 2024
Consulter l'extrait du registre de délibérations
François Ruffin : France Bleu Picardie ne doit pas parler depuis Paris !
France Bleu Picardie va devenir ICI Picardie. La décision est prise, on ne va pas se battre là-dessus. En revanche, ce qui nous inquiète, c'est ce que ça va changer dans le contenu.Au-delà du changement de nom, les craintes des salariés et de tous les amis, auditeurs, de France Bleu Picardie sont fortes.
En effet : François Hollande a rayé, vous le savez, la Picardie de la carte en une nuit, pour fusionner avec le Nord-Pas-de-Calais, et nous sommes devenus « le versant sud des Hauts-de-France » ! C'est une atteinte, depuis Paris, à une identité qui existe depuis le Moyen-Âge, et même avant. Mais dans la foulée, les Picards ont perdu les sièges du Conseil régional, de l'ARS, de la Drac, de l'INSEE, de France Travail, les directions de la SNCF et de La Poste… C'est la République qui s'est éloignée vers Lille.
D'où notre attachement, puissant, à ce qu'il reste de Picardie : France 3 Picardie, le rectorat qui demeure ici, le ficelle qui demeure picarde (et n'est pas devenue la ficelle versant sud des Hauts-de-France), les cathédrales, la Baie de Somme, les hortillonnages, qui, ouf, ne seront pas délocalisés… et France Bleu Picardie.
Cette radio appartient un peu à notre patrimoine.
Or, voici qu'en conservant l'étiquette, on nous concocterait des flash infos enregistrés à Paris pour remplacer l'info locale :
Les matinales vont être remodelées entièrement, avec l'info locale uniquement aux heures rondes, la suppression des journaux de 6h30, 7h30, 8h30, remplacés par des flash de 2 minutes montés à Paris. C'est un gros coup porté à l'info locale.Enfin, toutes les études en témoignent : pourquoi, en France, les salariés vont-ils mal ? Parce que, dans les firmes comme dans les services publics, on transforme leur métier sans eux. On ne les écoute pas sur leur travail, on ne les informe qu'au compte-gouttes, et les changements s'opèrent sans eux, voire contre eux. C'est également le ressenti ici, à France Bleu Piacardie :
C'est un énième retour en arrière sans qu'on soit consultés. Ce sera à nous de nous organiser pour trouver comment occuper les cases laissées vides. Et sans moyen supplémentaire. Avec seulement deux reporters pour toute la semaine, c'est insuffisant.Avec pour conséquences, dans bien des entreprises, une perte de sens, une augmentation des cadences, plus de mal-être au travail, plus de burn-out, plus de défiance.Madame la Ministre, vous l'avez dit :
Chacun sait que j'aime me battre.C'est fort bien. Aussi, allez-vous vous battre pour que « Ici Picardie » ne devienne pas « Là-bas Paris » ?
Le mercredi 21 février 2024
Question de M. CARDON Rémi à Mme la ministre de la culture : Interrogation sur l'avenir de France Bleu et le changement de sa marque en « Ici »
M. Rémi Cardon attire l'attention de Mme la ministre de la culture à propos de l'avenir de France Bleu.
En effet, il a été acté en octobre 2023 que la marque France Bleu ancrée dans le patrimoine audiovisuel français, symbole de la diversité et de l'unicité de nos territoires, serait remplacée par la marque « ICI ».
Une annonce qui va bien au-delà du simple changement de nom puisque, à partir de la rentrée de septembre 2024, la moitié des journaux locaux en matinale seront sacrifiés pour être remplacés par des raccrochages nationaux.
Les rédactions s'en inquiètent et lui-même à juste titre. Il apparaît fortement dommageable que cette restructuration de France Bleu s'apparente à une perte en proximité, à l'heure où les audiences de France Bleu dans son ensemble semblent connaître à nouveau une dynamique positive, et restent stables.
Cela reviendrait également à accroître la charge de travail des reporters, appelés à faire toujours plus de reportages et de calages pour la matinale du lendemain (reportages qui alimentent aussi massivement l'antenne nationale de France Bleu, France Info et France Inter) ; et à déconsidérer les animateurs et animatrices de France Bleu pour qui la coanimation ne s'improvise pas et doit être laissée à celles et ceux dont c'est le métier.
Les Français sont très attachés à la marque France Bleu et ses déclinaisons dans nos régions dont la raison d'être a toujours été d'être fidèle à chacune des localités qu'elle incarne. Une véritable voix des territoires qu'il serait dommage de dégrader à une époque où le localisme est mis à l'honneur. Faisons en sorte que pour chaque Français, la radio France Bleu continue à se faire « ICI » et pas ailleurs.
Il l'interroge donc sur le bien-fondé de cette restructuration de France Bleu et sur la garantie d'un avenir local pour la radio bleue.
Le jeudi 22 février 2024